La matinée s'était, pour moi, bien vite amorcée. Peut-être aussi du fait que mon réveil adoré, n'avait pas sonnée, que je ne m'étais pas réveillé et que j'avais dormi jusqu'au repas, avais pu aider en quelques choses la rapidité de l'instant. Enfin grand heureusement, aujourd'hui était calme pour moi, rien de spéciale à faire, cela n'avait eu donc d'impact que sur mon humeur, qui était par ailleurs pas au meilleur de sa forme. Je soufflais exaspérer par mes propres pensées, oui cela, bien qu'étonnant est possible.

J'étais arrivée ici juste après mon catastrophique levé, décidant que faire un tour ne pourrait que me faire du bien, j'avais alors choisis d'aller à un de mes endroits favoris dans Naples, histoire de me changer un peu les idées. J'avais mangée sur place prenant un déjeuner à emporter, achetant un des moins chères du coin, ce n'est qu'en croquant dans le sandwich que je pus comprendre mon erreur et le pourquoi du coût de cette nourriture, le gout infâme se propageant dans ma bouche. Ce n'est pas pour autant que je ne l'avais pas fini, la faim me tenaillant l'estomac.

Après avoir consciencieusement jeté le papier dans une des nombreuses poubelles du coin, je marchais tranquillement, là sur le bord du port, observant le magnifique paysage qui m'entourais, « C'est toujours aussi beau ! » m'exclamais-je alors, comme à chaque fois que je venais dans les parages.

J'appréciais étrangement beaucoup cet endroit, surtout par le temps que nous offrait cette magnifique journée ; un beau soleil pointait, entre deux nuages ; le bout de son brillant museau offrant une température agréable, pas trop chaude tout de même puisque accompagnée par le vent frai qu'offrait la mer. Je déambulais sans vraiment de but, ne faisant pas vraiment attention ou je mettais les pieds, un peu à mon habitude finalement.

Perdu dans ce que pouvait être mes pensées, je sentis bientôt un mini-choque, sans nuls doutes je venais de buter dans quelqu'un immédiatement je me retournais, marmonnant des excuses :

« Pardon, excuser moi, je ne vous avez pas vue… »

" Ma che cazzo fai ? Guarda dove vai ! "

Qu'est-ce qu'elle me crie elle, de l'italien ? Sûrement…  Des fois je me dis qu'il vaut mieux ne pas comprendre. Les langues de toutes manières ça n'a jamais été mon fort, j'avais choisi l'option espagnole en lv2 pourtant la seule chose que je savais dire était le simple « holà », sans même maitriser l'accent, quand je le prononçais on croyait entendre un cri de joie, plus qu'autre chose.

Elle se redressa tout en me regardant, s'apercevait-elle de mon air confus ? La réponse fut vite venue ;

« Désolée »

Prononça-t-elle pendant que je me grattais la tête, légèrement étourdis par ce qui venait de ce passé. Elle parlait donc aussi le français. Étrangement sa tête me disait quelque chose, pas quelqu'un que je connaissais, non juste que j'étais sûr et certain de l'avoir déjà croisé, furtivement certes. Je la regardais, quand je me suis souvenu que je n'avais toujours dit un mot, même échanger aucune politesse, malgré qu'aujourd'hui je n'avais pas vraiment envie de converser, je pris sur moi et lâcha :

« Au,  ce n'est pas grave, c'est à cause moi, je ferais plus attention la prochaine fois. »

D'une voix plutôt amicale et ouverte, après tout je n'allais tout de même pas grogner sur une personne que je connaissais à peine. Mais ce détail me titillais toujours, de plus elle avait l'air du moins de parler autant le français que le supposé italien. Peut-être travaillais-t-elle à Napoli Sognate ? Ce fut la seule hypothèse valable qui me traversa l'esprit à ce moment.

« Christian pour ma part, on ne se serait pas déjà croisé dans les environs ? »

Lançais-je simplement, bien-sûr par environ, j'entendais Napoli Sognate mais, autant attendre sa réponse et ne pas me ridiculiser plus, pour le moment en tout cas.  

« Et moi Sofia, enchantée, et désolée, encore, les Italiens ça parle un peu trop vite parfois vous savez ! »

Bon de deux choses l'une : je viens d'apprendre que les Italiens parlent trop vite et pas que dans la diction apparemment et que c'était bien une Italienne, qui répondait au nom de Sofia,. Bon ça m'aiguillait pas plus que ça, mais je restais certain de l'avoir aperçus. A l'occasion je lâchai un petit « de même » amicale en réponse au "enchantée."

« Il est possible qu'on se soit croisés peut-être, enfin j'aurai surtout croisé vos animaux ahah, je suis vétérinaire dans le coin, docteur Tizzani, cela vous parle peut-être plus ? »

Voilà, maintenant je savais qui s'était, grâce l'aide relative de ma mémoire. C'était donc bien dans la structure que j'avais du l'apercevoir, entre deux entraînements. Peut-être s'était-elle occupée du cas de Bageerah à l'époque qui sait ? J'avais déjà entendue quelques bruits à son sujet, rien de mal, juste des rapports de propriétaires qui lui avaient confiée leurs animaux blesse ou malade, qui s'en étaient sortis indemnes et en bonne santé. J'acquiesçais alors à sa phrase.

« Hum, oui j'ai déjà entendu parler de vous et vue je pense, même très certainement. »

J'enchaînais rapidement, m'ayant toujours pas présenté.

« Je suis cavalier pro, je me suis installé il y a peu de temps ici, on m'a gentiment confié Bageerah, il se peut que vous l'ayez déjà vue… »

Confiais-je alors, alors que je remarquais que ma mauvaise humeur s'estompait peu à peu, laissant place naturellement à un ton plus joyeux de ma part et je ne parle pas de moi, thon plus joyeux vous voyez ? Et donc aussi à ma grande débilité… L'ambiance elle aussi était plus détendue  que tout à l'heure, plus conviviale dirons-nous. Je me détendais légèrement, l'agression transformée en discussion tout de suite plus agréable qu'auparavant.

" Oh, je ne suis pas installée ici depuis bien longtemps, je n'ai pas encore eu grand monde. Peut-être m'avais-vous vue dans les écuries ou les installations, j'ai une jument en demi pension "

J'acquiesçais alors, c'était donc ça, enfin  ça me revenais, j'avais dû la croiser, elle était avec une jument grise je crois…

" Et effectivement, j'ai bien vue Bageerah mais pour rien de particulier, j'ai juste fait un tour des écuries et prit connaissance des dossiers des chevaux, enfin la paperasse, vous devez connaître ça ! "

Je souriais niaisement devant cette phrase, la paperasse, qui diable à inventer le fait de devoir tout noter, à chaque fois, pour finalement oublier toutes les feuilles et s'en apercevoir qu'une fois arriver sur les terrains de sable.

« Oui, surement un des trucs que l'on aime le moins faire, c'est toujours contraignant de passer du temps à noter. Enfin pour l'instant je risque de plus m'y plonger pour un bon moment, j'ai encore beaucoup de travail à effectuer avant de pourvoir participer à la moindre compétition. »


Je m'étirais légèrement le dos, provoquant le craquement malencontreux de quelques os. Puis-je me retournais légèrement vers elle.

« Il faudrait d'ailleurs que je l'emmène un jour, histoire de remettre tout ça à jour, je passerais surement dans votre, enfin ton si je peux me permettre, cabinet… »

J'émis l'hypothèse d'une voix plus calme, tout en proposant le tutoiement, puisque apparemment on allait souvent se croiser, que ce soit au cabinet ou dans les écuries Galilée. C'était bien un étrange hasard que l'on se croise ici pour la première fois, puisque l'on devait sans même s'en rendre compte se côtoyer dans les grandes écuries.

" Oui c'est beaucoup de bruit pour peu de choses tous ces papiers, et puis c'est encombrant... Si je peux me permettre, pourquoi avoir choisi Bageerah ? Comme jument de concours, il y avait peut-être d'autres options, du moins plus faciles non ? "

Je réfléchissais tranquillement, enfaîte il n'y a pas une seule réponse qui soit vrai à cette question, c'était surtout un ensemble de points, qui m'avaient plus chez elles. De plus, elle correspondait à certaines de mes recherches, cela tenait peut-être aussi à un coup de cœur pour la jument et certainement à son potentiel inexploité.

" Mais c'est avec plaisir que je te recevrai avec Bageerah, je vérifierai tout ça. Enfin tu dois encore avoir le temps, les visites ne sont que tous les deux mois... "

Je la regardais, il était vrai que j'avais encore du temps, ce détail m'avait échappé. M'enfin j'irai quand j'aurais le temps et surtout quand je pourrais la manipulée plus, cela me laissais pas mal de travail à effectuer avec la jument et quelques idées d'exercices me parvenaient alors.

« Je crois que j'ai choisi la jument par un concours de circonstance. J'avais envie d'un petit modèle, à ma taille premièrement »

Je pouffais légèrement et repris

« Ensuite, je cherchais un modèle comme l'on dit, qui a des bases, mais que je puisse façonner à ma main et à mon travail, donc forcément un jeune était plus avantageux. Et surtout j'ai eu un gros coup de cœur pour cette jument, elle m'a beaucoup plus au premier coup d'œil, je pense aussi qu'elle a pas mal de potentiel. »

Je me stoppais là, toussotais légèrement pour m'éclaircir la voix, puis continua.

« Il y avait beaucoup d'autres options, mais cela me dérangeais de savoir que cette shagya resterait sûrement le reste de sa vie au pré à avoir peur de tous. En plus j'avais et j'ai toujours pas mal de temps libre devant moi donc j'ai décidé de la prendre. Elle évolue doucement et même si cela ne se devine pas tout de suite, c'est une brave jument. »

Je souriais tout en parlant d'elle, cette jument était exceptionnelle, je l'avais pas encore essayé sous la selle, mais déjà j'en étais sûr. J'avais fait un pari fou et maintenant je devais l'assume et la travailler avec autant de délicatesse que douceur. Mais je crois que c'est cela qui me motivais : voir chaque jour l'évolution certaine de cette équidée en ma compagnie, s'apercevoir qu'elle est plus zen en ma présence et qu'elle se sent mieux en général.

« Et toi, tu as une demi-pension à ce que j'ai cru comprendre ? Ça se passe bien avec ? »

Je déviais légèrement la conversation, par simple curiosité.